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Des gens : Zacharie POMAREL.

Par Selma Cayol.

Michel Pomarel, Sieur de Chantegril, né à Pazayac le 28 octobre 1627, fils de Jean Pomarel,  notaire royal et de Marie Manière, est « lissensiè ez loyz ».  La juridiction de Larche étant vacante depuis quelques années, il est donc nommé –« Juge ordinaire des chastellenies de Larche, Terrasson et Nadaillac, duché de Noailles ».
Commence la série des membres de cette famille qui vont occuper le siège de juge durant un siècle entier, sans interruption. Et, surtout donnera à l’Eglise un grand nombre de ses fils.
De son mariage avec Marguerite de Savel, Michel eut neuf  enfants, dont Henry, son fils ainé et successeur au titre de juge, et six filles…
Henry né en 1656 épouse le 25 juillet 1689 Guillaumette d’Amelin. Il a 33 ans, ils auront quatre enfants dont François et trois filles…
François Pomarel, devient juge à 22 ans, soit en 1712. L’année suivante, le 29 mars 1713, il épouse à Gluges en Quercy Jeanne Puyjalon.

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Maison Pomarel sur l’ilot central du village de Pazayac.

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Presbytère de Pazayac, extérieur et intérieur.

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François, qui a 4 sœurs et 6 tantes, est inquiet lorsque son épouse se retrouve enceinte pour la première fois. Pourvu que ce ne soit pas une fille...
Le 24 septembre 1716, Jeanne met au monde un fils, Guillaume, qui, comme le veut la tradition, succèdera à son père à la charge de Juge de Larche. François est heureux, l’enfant est beau et robuste. En effet, il ne mourra qu’en 1784 après avoir fait neuf enfants à son épouse, Philippe Boudy. Le chiffre 9 doit sans doute porter chance à cette famille !
En 1719, naît Martin qui deviendra prieur de Brunac et Montignac. Après s’être rendu à la maison de réclusion de Périgueux, il meurt dans sa famille et « son âme s’envola dans le sein de Dieu » le 28 octobre 1795, veillé par sa nièce religieuse.
En 1721, arrive Jean François, religieux de l’ordre de Saint Augustin (congrégation supprimée a la révolution), et curé de Laccassagne.
François et Jeanne se disent que, si ça continue, ils ne sauront que faire de ces garçons, et que, même si leurs revenus sont très convenables, doter et « placer » leurs fils deviendrait impossible. Ils en viennent à espérer une fille ou deux, qui, bien mariées, même s’il faut les « bien doter »  leur donneraient un « retour sur investissements » … Mais, le destin souvent très contrariant, leur donna encore huit fils à la suite les uns des autres :
Après Pierre en 1722, prêtre de la congrégation de la Mission.

Arrive ensuite le 17 octobre 1724  notre fameux Zacharie
Il précède Jean en 1726, sans doute décédé en bas-âge.
François né en 1727, chanoine de Noailles, puis curé de Pazayac après la résignation du curé Delfaut. Il résigna à son tour sa cure avant la révolution, sentant le vent du boulet parvenir jusqu’à lui ! Il survécut néanmoins à ses frères.

Jacques né en 1730, qui, n’étant pas attiré par l’habit ecclésiastique fut notaire à Peyrefumade, paroisse de saint Cernin.
Guillaume né en 1732, mourut lui aussi en bas-âge.
Un autre Martin en 1733, pensionnaire du séminaire de Sarlat, puis curé de Saint Léon, puis d’Issigeac, par la suite curé de Chavignac, sentant le vent venir se retira chez les « Demoiselles Lescot de la ville de Brive «  où il mourut en février 1797.
Mais le destin fit un petit clin d’œil à François et Jeanne et au printemps 1736, le 15 mars, une petite Toinette vit le jour. Ses parents la marièrent a Pierre Grangier, bourgeois de Montignac, avec qui elle eut un fils … la pauvre Toinette ne fit qu’un petit tour sur cette terre et malgré ses 5 frères au service de Dieu, elle rendit l’âme à l’âge de 32 ans !
Espérant renouveler l’opération «  fille « Jeanne fut de nouveau enceinte, mais hélas en 1739, elle accouchât d’un garçon, François Louis, mort en bas-âge.
A l’aube de ses 50 ans, Jeanne  décida que «  l’enfantement » était terminé pour elle.
François mourut à 81 ans en 1771 et Jeanne à 75 ans en 1772.

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Pazayac. Au centre du bourg, tenante a l’église, la « Maison Pomarel »

Mais remontons le temps et revenons à Zacharie …

Zacharie Pomarel est né le 17 octobre 1724 à Pazayac. Il est le cinquième enfant et aussi cinquième fils de François Pomarel et Jeanne Puyjalon . Baptisé le 19, il eut pour parrain  noble Zacharie Damelin, écuyer, son grand-oncle, habitant Brive, et pour marraine Demoiselle Jeanne de Puyjalon, sa tante.

En  1741, Zacharie a 17 ans. Il est au séminaire quand, lors d’une visite chez ses parents, il entend son père raconter le procès qu’il vient de présider, celui de Jeanne Mas, une pauvre jeune fille infanticide. Séduite et abandonnée par un valet de ferme qui prit la fuite et ne fut jamais retrouvé, elle accoucha dans le silence et le dénuement le plus complet d’un garçon malingre et un peu faible. Elle l’étouffa et le jeta dans un étang, près de la ferme de ses parents. Quelque temps plus tard, le corps fit surface. Arrêtée, Jeanne fut condamnée à faire amende honorable, en chemise et corde au cou devant l’église, et conduite auprès de l’exécuteur des hautes œuvres afin d’être étranglée et pendue,  le 31 mars 1741, le procès coutât 380 livres.

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François Pomarel en fut fort marri car, la fautive morte, le coût dut être supporté par la communauté.


Même la charge de juge ne rapportait pas tant que ça en «espèces  sonnantes et trébuchantes ». Certes il y avait les « honneurs », mais les honneurs ça nourrit pas son homme, fut-il curé, et voué par excellence a la charité et à la frugalité. D’ailleurs leurs parents s’étaient déjà saignés aux quatre veines  afin de les pourvoir en rentes viagères de 80 à 100 livres pour favoriser leur prêtrise et leur tenir lieu de titre clérical (un genre de dot en fait.).
Zacharie ne put en entendre davantage. Condamner ainsi de pauvres gens, courir après leurs quatre sous, non, ce n’était pas pour lui. Il résolut donc de s’enfoncer un peu plus dans la vie ecclésiastique tout en gardant les pieds sur terre, faire un peu de bien autour de lui, tout en essayant de se faire entretenir  par ses ouailles les mieux pourvues. Oui, mais comment ?
Par un heureux destin, lors qu’il n’était que simple vicaire de Nadaillac, la place très lucrative de titulaire de la prévôté de La Dornac,  vacante depuis 39 ans,  lui fut attribuée avec les pleins pouvoirs.
Entre temps, Jean Gauthier, le curé de la Feuillade, malade et très âgé, se résigna en mars 1752 en faveur de Zacharie Pomarel, qui était venu le suppléer lors de sa maladie.  Le 8 avril, le curé Gauthier mourut. Le 17 avril 1752, Zacharie prit possession de la cure de la Feuillade, cure qu’il garda toute sa vie, ou presque...

Pendant quasiment 39 ans, la prévôté resta sans  maitre. Les tenanciers des terres s’étaient quand même habitués à ne pas payer grand-chose, voire rien.
L’arrivée de Zacharie Pomarel ne fut pas accueillie avec grande joie :
« Il s’empressa de se faire faire des reconnaissances par les tenanciers de son bénéfice » c'est-à-dire que les tenanciers devaient s’engager fermement à payer au prévôt  les sommes et les prélèvements qui lui étaient dus en sa qualité même de prévôt. Il afferma ces revenus afin d’en retirer des bénéfices conséquents  sur son nom et en sa qualité de Prévôt de la Dornac et celle de curé de la Feuillade. Les bénéfices ecclésiastiques  prévalaient sur ceux des Seigneurs.
Il fit faire ces actes de reconnaissance par Maitre  Maury, notaire au bourg de La Dornac.
Ces actes furent au nombre connu de quatre :
Tènement (terres tenues d’un seigneur ou d’une prévôté ecclésiastique, en réunion de propriétés contigües)de Lordelie, de la Manivie, des territoires de la Roussille et d’autres terrains.
Lors des recensements des biens ecclésiastiques et d’un examen des «  bénéfices » de la Prévôté, afin d’établir les revenus de la dite prévôté, donc du sieur Pomarel qui, étant le seul « décimateur » général de la dite prévôté de Ladornac pouvait en profiter très largement, tous les tenanciers reconnurent tenir leurs tènements des mains de Messire Zacharie Pomarel.
En fait, il était le maitre .Il réunissait même chaque année au son de la cloche les habitants devant la porte de l’église afin d’établir l’ouverture des vendanges et ainsi prévoir la dîme prélevée sur le produit de ces vendanges.
Le 5 janvier 1790, Zacharie Pomarel déposa chez le notaire Lamaze un testament dans lequel il faisait  des dons aux pauvres et à l’église, de manière a se faire quand même un peu passer pour un bienfaiteur. Il fit un nouveau testament en 1792, mais voyant arriver les progrès révolutionnaires à grands pas et les dissolutions des paroisses, il ne se sentit plus en sécurité à La Feuillade, et prit la fuite. Avec cassette, mobilier et autres objets, il se transporta chez sa nièce, fille de son frère ainé Guillaume, juge de Larche.
Il est dit par l’abbé Brugière qu’il refusa de prêter serment en 1791, ce que nous voulons bien croire, il résigna ses fonctions avant de s’enfuir. Toujours selon l’abbé Brugière, ses anciens paroissiens le réclamèrent auprès de l’évêque constitutionnel. L’évêque accepta et Zacharie revint quelque temps dans sa cure de La Feuillade où,  le  5 septembre 1792 il rédigea son ultime acte de mariage.

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Il fut néanmoins obligé de se rendre à la maison de réclusion de Périgueux, où la promiscuité et les mauvais traitements lui firent contracter une « mauvaise maladie » sans doute une tuberculose.

L’administration procéda à l’estimation et à la vente de tous les effets mobiliers et autres. L’adjudication dépassa de beaucoup l’estimation, et ce non compris tout ce qui fut détaillé dans les inventaires.
Zacharie trouva le moyen de s’échapper et se réfugia à la paroisse de Pazayac dans sa famille. Il se résolut à vivre plus dignement, afin de laisser un bon souvenir autour de lui et « termina sa vie, comme ses frères, avec la plus grande édification, le 13 frimaire an 4. » dixit l’abbé Brugière.

L’abbé Brugière était sans doute beaucoup trop « religieux » pour ne pas reconnaitre les forfaitures de Zacharie.
Dieu y pourvoira !

Selma Cayol. Remerciements  à Gallica, aux archives départementales de la Dordogne et de la Corrèze ainsi qu’à la mairie de Pazayac qui m’a gentiment indiqué où me procurer certaines photos. Challenge AZ 2017
 

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