Le BUGUE JEAN REY Médecin Périgourdin précurseur de LAVOISIER

Le BUGUE, est situé à quarante kilomètres, au sud sud-est, de Périgueux. Sarlat, la sous-préfecture est à une trentaine de kilomètres vers le sud-est. La commune est implantée dans le Périgord noir sur les rives de la Vézère, près de son confluent avec la Dordogne.



Jean REY naquit au Bugue, Dordogne vers 1583 dans une famille aisée. Il était le fils de Jean REY marchand au Bugue et Perrine Yssartier. De cette union, naquirent trois fils à ma connaissance.

     	- Jean REY " l'aysné "  Sieur de la Peyroutasse ", fut Maitre de forges au Bugue, la  forge haute ou forge neuve, et forge basse ou forge de la Farge ; cet endroit de la Farge porte ce nom depuis près de 450 ans sous le nom de Place de Farge, mais .... Peut-être plus encore car des actes d'archives prouveraient qu'elle existerait depuis le XIIème siècle.

- Jacques REY, dont la descendance fera l'objet de nouvelles recherches.

- et, Jean REY, probablement le plus jeune de la fratrie, dont nous allons faire un peu plus connaissance, si vous le voulez bien.


Jean REY commença ses études à Montauban où il obtint le titre de maître ès arts de l'Académie de Montauban. Puis il entra en faculté de médecine de Montpellier le 22 novembre 1605. Il obtint son diplôme de médecin le 20 mai 1609. Les profondes connaissances acquises en chimie et en physique peuvent laisser à penser qu'il ne quitta pas Montpellier tout de suite après avoir soutenu sa thèse ; mais tout porte à penser qu'en s'éloignant de cette ville, il se retira rapidement au Bugue où il exerça son métier de médecin, dévoué à ses patients. Mais, en même temps, il réalisa des expériences sur les métaux, bien souvent dans les forges de son frère " Jean REY aysné " ; du reste, il ne manque pas de le notifier lors d'un courrier à un ami.

Il était médecin, mais surtout avait un esprit curieux, auquel nous pouvons rajouter le fait d'être un fin observateur qui devança et son siècle, mais également Antoine Lavoisier de quelques 140 années.

Afin de démontrer la vérité de sa thèse, Jean REY écrivit les " ESSAYS " sur ses recherches : ils furent au nombre de 28, suivis d'une conclusion ce qui nous porte à 29 chapitres, chapitres précédés d'une dédicace au duc de BOUILLON Seigneur de LYMEUIL.

Je ne peux que partager avec vous la notice laissée de l'abbé AUDIERNE, (issue de son Périgord illustré -1851).

"Jean REY naquit au Bugue, dans le XVIe siècle. Il dirigea ses études vers la médecine et fut reçu docteur. Mais un penchant naturel l'entraîna vers l'étude spéciale de la chimie et de la physique, qu'il fit monter, par la force de son génie, jusqu'à la hauteur qu'occupent aujourd'hui ces utiles sciences. Il fut pour ainsi dire le précurseur de la théorie actuelle, et monsieur THENARD ne craint pas de dire que les expériences de ce grand homme mirent les savants sur la voie de la décomposition de l'air. Consulté pourquoi l'étain augmentait de poids dans la calcination, il répondit que cette augmentation de poids était le résultat d'une absorption d'air, réponse d'autant plus hardie que l'on s'imaginait alors que l'air n'était point pesant. Jean REY publia ses recherches sous le titre d'Essais sur la recherche de la cause pour laquelle l'étain et le plomb augmentent de poids quand on les calcine. Monsieur Thenard en parle en ces termes : " quoique Jean Rey s'exprime d'une manière si positive, il parait que pendant près d'un siècle et demi les idées fortes et fécondes que renferme son livre furent comme ensevelies dans l'oubli. Il était réservé à BAYEN de les en tirer."


C'est seulement, en effet depuis quelques années que son nom a été placé à côté des noms les plus célèbres et les plus dignes de l'être.
Le style de Jean REY est en tout comparable à celui de Montaigne. REY, l'un des hommes qui fit le plus honneur non seulement au Périgord, mais à la France, mourut vers l'an 1645.

Bien que très tardive, la notoriété de Jean REY ne fut pas confirmée, comme par exemple, en 1895 à Edimbourg sur une plaquette de 54 pages sous le titre ' " Essays of Jean REY, doctor of médecin, on an Enquiry in to the cause wherefore tin an lead increase in weight on calcination - 1630 ! "

Au fil de mes recherches le concernant, j'apprends également qu'il fut l'auteur de bien d'autres découvertes, la principale étant le thermoscope, ancêtre du thermomètre et en prescrivit même l'usage en médecine. Il y a bien une descendance REY car ce patronyme est bien placé sur le Bugue, très souvent des notables, mais il semblerait que la sienne soit mal connue du fait, qu'on le dit "marié avec la science ". Bien que leurs parents fussent de religion catholique, les frères REY épousèrent et adhérèrent à la Réforme, ce qui explique les relations très amicales avec deux protestants de Bergerac, le médecin Deschamps et l'apothicaire Jean Bun. Devenus donc protestants, nous nous trouvons fort dépourvus d'actes les concernant, ce qui est bien dommage. Vers les dernières années de sa vie, Jean REY fut engagé dans un procès criminel.

Il passa plusieurs années à poursuivre ce procès, n'ayant même plus le temps de continuer sa correspondance avec ses chers amis, dont une lettre adressée au père Marin Marenne** datée de 1643 dans laquelle il s'exprime ainsi : " Si j'ai laissé passer des années entières sans vous avoir visité par mes lettres, il en faut accuser mes affaires domestiques qui ont tellement traversé mon esprit qu'elles l'ont rendu presque incapable de toutes belles conceptions " Ce qui est certain, c'est qu'il ne s'occupa plus de sciences postérieurement à cette époque. Ce procès, concernerait son neveu Pierre Rey Sieur de Pautignie, maître de forge également, il aurait été attaqué une nuit de 1633, battu par des gens dont il donne même les noms. Tellement malmené qu'il teste désignant son oncle, Jean REY, docteur en médecine, en tant qu'exécuteur testamentaire, lui donnant des instructions quant à son héritage, devant remettre celui-ci à ses enfants lorsqu'ils auraient 21 ans. Il survécut à cette attaque encore quelques années, mais on ne sait pas dans quelles conditions. Il est donc fort probable que le procès en question (pour crime) éclairerait singulièrement les lettres écrites au Père Mersenne à propos de ses " soucis domestiques " et ses absences du Bugue. En effet, le docteur REY peut élire domicile à Bordeaux aussi longtemps qu'il le faudra, prendre les avocats et faire toutes autres choses. Il est dit qu'à partir de 1628 jusqu'à sa mort, il vit chez son neveu de la Rey-Paulignie. Il est précisé, avec son valet et son cheval. Est-il mort dans son lit, ou sur les chemins un soir d'hiver au petit trop de son cheval, allant au chevet d'un de ses malades ? Libre à nous de l'imaginer.


- Jean REY, selon quelques documents retrouvés, serait décédé fin 1646, début 1647 ; ce procès l'aurait épuisé et que ce fut la raison de son décès. Selon ce même document, il est noté qu'il vivait en célibataire, tantôt chez un de ses neveux, tantôt chez un autre. Neveux au nombre de 8, et 2 ne portant pas le nom de REY (frère et sœur). Ce sont donc eux qui constituèrent sa postérité.

- En février 1630 Jean REY Aysné, malade teste avant de mourir. Nous apprenons qu'il a eu 2 fils d'un premier mariage Jean et Pierre, mais qu'il eut d'un second lit : 3 filles.

- Jacques REY, lui second frère de Jean REY médecin est décédé probablement dans les temps de l'agression de son neveu Pierre REY-PAULIGNIE, laissant des enfants.


Seule, persiste la maison familiale que l'on peut encore voir dans une des jolies et anciennes ruelles du Bugue, rue du Couvent : (photo a confirmer)


Devenus donc protestants, nous nous trouvons fort dépourvus d'actes le concernant, ce qui est bien dommage. Vers les dernières années de sa vie, Jean Rey fût engagé dans un procès criminel, malheureusement personne n'a su encore à cette heure de quelle nature. Seule persiste sa maison que l'on peut encore voir dans une des jolies et anciennes ruelles du Bugue, rue du Couvent : (à confirmer pour la photo)






** le père Marin MERSENNE fut pourtant un de ses plus intrépides adversaires au début. Religieux Minime de Paris, homme fort savant pour son temps, ils échangèrent plusieurs lettres, lettres qui furent retrouvées plus tard dans la bibliothèque des Minimes de la Place-Royale, à Paris.

Par Annie-Alice MOUNIER.

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