
Au cours du mois de novembre, tous les jours sauf les dimanches,
sera publié un article.
Un article écrit chaque jour par une personne différente,
sur un ancêtre de Dordogne pendant la guerre 14-18.
De A à Z, 2025, est la neuvième participation de l'amicale Genea24.
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Uniforme...celui de mon oncle Louis PUYRINIER, cet inconnuPar Marie-Thérèse Wachet. |
Louis Félix Puyrinier, né le 9 juillet 1897 à Montpon sur L’Isle devenu aujourd’hui Montpon-Ménestérol.
Tu es mon oncle et pourtant je ne sais pas grand-chose de toi, si ce n’est que tu étais l’aîné de la fratrie composé de ta jeune sœur Blanche née 9 ans plus tard en 1906 et de ce petit frère, René, mon père que tu as si peu connu, puisque vous aviez l’un et l’autre 19 ans d’écart et qu’au moment où naissait mon père, en 1916, tu avais toi-même ton premier enfant…
Tu portes le prénom de ton père, « Louis » à l’Etat Civil, mais toujours appelé Paul en famille, ton deuxième prénom est celui de ton oncle Félix, probablement ton parrain.
Ton père, mon grand-père Paul, avait créé, avec ses frères, une petite entreprise de ferblanterie, chaudronnerie, zinguerie, et, tu as été mis en apprentissage auprès d’eux et formé au métier pour intervenir sur différents chantiers ; Une entreprise prospère qui assurait un niveau de vie confortable à la famille, s’y ajoutaient les revenus de terres agricoles possédées par ma grand-mère, ta maman, Marie Lagarde.
Ton enfance et ton adolescence se sont passées dans une ambiance chaleureuse dans la grande maison au bord de l’Isle où tu vivais et qui était aussi partagée par un autre de tes oncles et sa famille, les occasions de s’y réunir ne manquaient pas. Tout semblait possible, avant que tout bascule à l’été 1914.
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Tu es très jeune à cette époque, tu as à peine 17 ans et tu es saisi comme beaucoup par cette fièvre patriotique qui traverse le pays… Ton père, est mobilisé malgré ses 43 ans, ainsi que tes oncles, mais pour toi, comme pour d’autres, tout cela sera fini bientôt « on les aura », c’est l’affaire de quelques mois...
La guerre s’installe, et en 1915, tu es déclaré bon pour le service sous le n° 59 par le Conseil de Révision du Canton de Montpon. L’année 1916 arrive, en janvier tu es incorporé au 108ème d’infanterie, matricule 1042.
Sur ta fiche de registre militaire, on peut lire que tu n’es pas très grand, 1,63m, tu as les cheveux châtain foncé et les yeux bleus, ceux de ta mère, Marie ; Pas de signes distinctifs. Ton degré d’instruction est 3.
A 19 ans à peine, tu vas partir vers les froides terres du nord, Soissons, l’Aisne toi qui ne connais que ton sud-ouest natal ; D’abord affecté au 108ème d’infanterie le 9 janvier 1916, tu vas passer au 67ème en octobre.
Quelles sont tes pensées à ce moment-là ? Toi qui es tombé amoureux de la jolie employée de maison ! Tu n’as pas pu cacher longtemps tes sentiments et elle a répondu aux tiens. Et voilà, tu es père au grand dam de tes parents, de tes amours est née une petite fille en août 1916, et le même jour un petit frère pour toi, à Montpon, mon père que tu connaîtras si peu. Quelle drôle de coïncidence !
Mais le sais-tu seulement…ton quotidien est celui de la guerre et le 67ème va être de tous les grands combats. Tu n’es plus le même, ta vie vient de basculer et tu ne sais pas quand et si tu reviendras !
Te voilà soldat Et tu portes le nouvel uniforme, sans le rouge garance du pantalon qui vous désignait si facilement comme cible aux premiers combats de 1914. Mais l’équipement, lui, pèse toujours aussi lourd ! |
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En août, tu seras dans la Somme pour la grande bataille qui va débuter et en 1917, ce sera le chemin des dames.
Le secteur de la Somme a été tenu par ton régiment jusqu'au 15 décembre avec des alternatives de mise au repos et de guerre de tranchées ; Le 67ème est envoyé successivement dans l’Oise, la Marne, et de nouveau, l’Aisne où il monte vers les tranchées et où il reste jusqu'au 15 mars. Puis mis au repos à La Ferte-Milon.
Il en repart le 8 avril par étapes, gagne la région de Soupir sur Aisne, où il va prendre part à la bataille du chemin des Dames dite aussi « offensive Nivelle ». Elle commence le 16 avril 1917 par la tentative française de rupture des lignes allemandes entre Soissons et Reims, sous les ordres du général Nivelle :
« L'heure est venue, confiance, courage et vive la France ! ».
La bataille va se prolonger jusqu'au 24 octobre 1917 avec de piètres résultats stratégiques et de terribles pertes humaines dans les deux camps.
Le 16 avril, premier jour de l'offensive, ton régiment est en réserve et ne monte en ligne que dans la nuit du 19 au 20. Du 20 avril au 4 mai, il organise son secteur, et, le 5 mai, à 9 heures, vous vous élancez avec une formidable audace à l'assaut des tranchées ennemies que vous enfoncez et vous progressez de plus de 2 kilomètres en faisant 400 prisonniers, et prenant 2 obusiers de 150, 1 canon de 105, et j’en passe !
Les 6, 7 et 8 mai, le 67ème repousse les contre-attaques et garde le terrain conquis. Relevé le 9, après de lourdes pertes, ton régiment est cité à l'ordre de l'armée, le 29 mai 1917, il le sera 4 fois.
Probablement en juin, tu bénéficies d’une courte permission qui te permet de retrouver l’élue de ton cœur et ta petite fille.
En octobre 1918, ton régiment quitte l’Aisne et gagne la Belgique (où il va être engagé dans les combats sur la Lys et l’Escaut), en novembre 1918, tu es toujours dans les Flandres.
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La guerre touche à sa fin, tu es vivant, épargné, mais tant d’amis blessés ou morts autour de toi ! Pour ton courage, tu vas recevoir la Croix de Guerre |
Entre-temps, le 15mai 1918, tu t’es marié, tu as officialisé votre amour et reconnu tes 2 enfants. Après ta fille, Paulette, née en 1916, un petit garçon, Marc, est arrivé en février 1918.
Tes parents ont fini par consentir à cette union, il faut mettre un terme à cette situation scandaleuse et remettre de l’ordre dans la famille.
Vos relations resteront froides, pour ton père, ce mariage n’est pas le bon et tu te sentiras mis à l’écart, absent des fêtes familiales. Leur mort en 1933 et 1934 n’arrangera rien et rompra définitivement le lien…
Ta sœur, Blanche, s’éloignera de toi et tu verras très peu ton frère. Seuls les souvenirs de ce jeune frère, mon père, te rendront présent et vivant à mes yeux, je ne t’ai jamais rencontré et tu es mort en 1964, tu regrettais, d’avoir si peu connu ce « petit frère » du même âge que tes enfants, et qui avait quitté son cher Périgord, pour s’engager dans la marine.
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