VEZERE


Source de la Vézère.

La Vézère, (étymologiquement « cours d’eau dans ma vallée creuse »), prend sa source dans la Tourbière de Longéroux à 887 mètres d’altitude sur le Plateau des Millevaches, sur la commune de Meymac, en Corrèze. Après avoir parcouru plus de 211 km, elle termine sa course dans la Dordogne à Limeuil. Avant de rejoindre le confluent de Limeuil, elle traverse le département de la Corrèze, arrosant les villages de Chavagnac, Millevaches, Saint-Merd-les-Oussines, Bugeat et la ville de Brive avant d’entrer en Dordogne à Terrasson, où elle encaisse ses méandres et arrose les villages de Terrasson-la-Villedieu, Condat, Montignac, Les Eyzies et Le Bugue et laisse au passage de nombreuses traces de crues. Elle rejoint la Dordogne à Limeuil dans un magnifique confluent, au pied d’un superbe village


La crue centennale de 1960

L’éternelle vallée de l’Homme a toujours connu des crues d’une belle ampleur. Début octobre 1960, le Plateau de Millevaches a été arrosé de 300 mm de pluie. Si le cours d’eau est large, il ne peut encaisser un tel volume d’eau en si peu de temps. La montée de la Vézère est inexorable, et personne n’est alors capable d’en prédire l’issue.

En ce début d’automne, il n’y a eu ni déferlante, ni tsunami sur la Vézère. L’eau est arrivée de manière rapide mais progressive. L’archaïsme des moyens de communication ne permettait pas une réaction adéquate à l’ampleur du phénomène. À l’époque, les nouvelles de l’amont sont parcellaires et en constant décalage. Dans la journée du 4, on parle d’une côte de 7 mètres, voire de 8 mètres à Montignac, dans les clous de ce qu’on pensait être la crue du siècle, celle de 1944. En réalité, le 4 octobre à minuit, l’eau est presque 1 mètre au-dessus de ce seuil historique. On la mesure à 8,90 à Montignac.

La crue centennale vient d’avoir lieu.


Le 5 octobre 1960, les villages bordant la Vézère étaient noyés sous les eaux froides et tumultueuses de la rivière. L’épisode, qui a fait trois morts, laisse encore des traces, notamment au Bugue-sur-Vézère en Dordogne.

Comme à Terrasson ou à Montignac, le cours d’eau, si tranquille d’ordinaire, s’est mué en un véritable torrent qui se rapproche lentement du tablier du pont. Les rues du village sont devenues des berges où s’entassent troncs d’arbre, carcasses d’animaux noyés et débris en tous genres… Jean Batailler, 29 ans à l’époque et résidant rue de la Libération, raconte : « la Vézère a emporté mon Vespa ; le bruit était infernal. Je suis resté bloqué dans ma maison. En quelques heures, l’eau est montée à un niveau qu’elle n’avait jamais atteint et qu’elle n’a plus atteint depuis. »


Jacky Mouligné, 10 ans en 1960 raconte : « Je me souviens être allé sur le pont avec un ami. On regardait les citrouilles défiler à toute vitesse, charriées par le courant ». Malheureusement, pour le jeune Buguois, les jeux d’enfants laissent vite place au chagrin : « Un cousin de la famille, René Landon, a trouvé la mort avec Gabriel Poumeyrol, sur la commune voisine de Saint-Chamassy. Alors qu’ils allaient porter secours, en barque, à des amis, ils se sont fait surprendre par les courants du confluent de Limeuil, tout proche, et des piquets de rangées de vignes ont fait chavirer leur embarcation. » La crue de 1960 fera une troisième victime à Montignac. Il faudra de longues heures pour que la rivière reflue enfin. En se retirant, elle laisse place à un spectacle de désolation. « Aujourd’hui, on peine à s’imaginer les dégâts occasionnés à l’époque », se rappelle Jacky Mouligné. De Terrasson à Limeuil en passant par Plazac ou Saint-Léon, on en appelle en urgence aux services de l’État.

Tandis que, dans le ciel, l’hélicoptère de l’armée opère des vols de reconnaissance et attire la curiosité, lorsqu’il se pose sur la place de la mairie du Bugue, les habitants s’empressent de faire sécher ce qui peut l’être. « La rue de la Libération est restée bloquée plusieurs jours » rappelle Jean Batailler, qui garde précieusement des clichés, rares, pris à l’époque.

Les prés qui jouxtent la rivière, notamment la zone de la route de la Borie, resteront aussi sous l’eau quelque temps. Pour ravitailler les différents corps de ferme, l’armée est mobilisée. Et depuis 1960 ?
Jacky Mouligné et Jean Batailler l’affirment – les relevés d’eau également – jamais la Vézère n’a connu de crues similaires depuis 1960. Deux témoins fiables puisque le premier a été chef du centre de secours et d’incendie du Bugue pendant presque dix ans tandis que le second a été adjoint de Gérard Fayolle, maire du Bugue de 1983 à 2008. « Je me souviens que, pour l’inauguration des quais, nous avions invité Jacques Chaban-Delmas. Le problème c’est que, ce jour-là, la Vézère avait décidé de les recouvrir », plaisante l’ancien élu. Les quais servent maintenant de repère visuel aux Buguois, pour analyser le niveau de l’eau. Même chose pour la place d’Armes à Montignac. Depuis ce tragique mois d’octobre 1960, deux crues ont maintenu les riverains de la Vézère en état d’alerte, en 1982 et en 2001. Si le niveau d’eau n’avait rien de comparable aux crues centennales de 1960 et 1783, il a rappelé que la Vézère n’est pas qu’une longue rivière tranquille. Une crue centennale n’est pas une crue centenaire. C’est une crue dont la probabilité de retour chaque année est de 1 %. Malgré tout et peut-être pour cela, la vallée de la Vézère reste un lieu incontournable en Périgord.

Le 5 octobre 1960. Photos journal Sud-Ouest.


Par Geneviève COULAUD.

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