JACOUTET Jantou

Jantou Jacoutet, Une vie simple, tranquille. Et heureuse je pense !
Jean François Xavier Jacoutet " Pépé Jantou " est né le 3 Décembre 1900 dans ce joli petit village : Le Bugue, Al Buga en occitan (Dordogne) - Jantou est mon grand-père maternel.

Il était le fils ainé de Jules Jacoutet, peintre en bâtiment et négociant en noix et Berthe Escorne toujours négociante en 1921, après le décès de Jules en 1917.

Jules Jacoutet et Berthe Escorne

Un frère Pierre Jacoutet était né en1904 au Bugue, où il vécut toute sa vie. Il y est décédé en 2001. Il avait épousé Denise Riaud en 1929. Denise tenait épicerie parisienne (clin d'œil à Jantou parti à Paris ?) tandis que Pierre, électricien tenait aussi son petit magasin quelques maisons plus loin dans la rue principale du Bugue. Il a cependant toujours gardé un peu l'amertume de n’avoir pu, comme son frère, poursuivre un peu d'études, la cause en était le décès de leur père .... Berthe était une femme timide et effacée et n'a visiblement pas eu le courage de maintenir leurs entreprises de peinture et l'atelier d'énoiseuses (photo ci-dessous). Bah il ne s'en est pas trop mal tiré non plus le tonton.

Atelier des énoiseuses JACOUTET posant pour la photo

Gens simples mais de par leurs origines de propriétaires terriens, bourgeoises, voire notables en remontant, ils avaient gardé au fond d'eux une légère, mais certaine condescendance tout de même !




''Les deux "frangins" étaient restés très liés, au point qu'à la fin de leurs vies respectives, ils s'appelaient toujours " Mon petit frère " ou " Mon grand frère ". C'était très attendrissant, cela a dû me marquer puisque j'en suis au même point, à l'heure qu'il est, nos soixantaines passées, j'appelle toujours les miens : " mes p'tits frères " 64 et 61 ans ''




Ils n'avaient qu'une seule tante, sœur de Jules, Joséphine Elyzabeth, institutrice mariée à Pierre Cambelet originaire d'Urval également instituteur. Ils commencèrent leur carrière au Bugue et la terminèrent à Paunat. Berthe, elle, était enfant unique, une sœur Marie Blanche née en 1776, n'a visiblement pas vécu. Petite famille, cependant partageant des liens très forts avec leurs cousins surtout de la famille Colombet et Cambelet, pour preuve les nombreuses photos en leurs présences et les sempiternelles visites aux cousins l'été au mois d'août. Jantou, le très calme (bien qu'ayant un caractère bien déterminé) et Pierre, l'intrépide, faisaient partie d'une équipe de rugby, celle de la Farge, car il y en avait une autre celle de de la place de la Mairie ou du Cingle. Lorsque l'une rencontrait l'autre, il parait que cela donnait de belles bagarres en perspective, ça ne rigolait pas il y avait de la castagne dans l'air. Sur la photo jointe Jantou tient le ballon en bas à droite et Pierre est juste au milieu sous le plus grand enfant. Je cite .....

  • En 1913, des différents quartiers du Bugue surgirent des équipes rivales. Les redoutables minimes de La Farge rencontraient leurs adversaires de la Place de la Mairie ou du Cingle. La guerre de 14-18 emporta bon nombre d'entre eux. (Coll. Jacoutet)
  • (paragraphe de Mr Bertrand, photo privée famille fournie par mon gd oncle Pierre)


Son amour pour le rugby n'a jamais été démenti car je me souviens, moi, des matches à Paris au stade de Colombes où pépé m'emmenait juchée sur ses épaules.



Tout semblait paisible, pas non plus de soucis majeurs, jusqu'au mois de Mars 1917 où Jules le papa fût emporté par une grippe espagnole. Berthe avait gardé l'entreprise d'enoiseuses et je l'y trouve encore en 1921, mais, femme influençable et très croyante, elle courait à l'église dès qu'elle entendait les cloches sonner et ce, dès le matin (ça n'est pas peu dire, l'église étant juste derrière la maison !!!!!!) Elle n'a donc pu continuer, n'ayant plus la poigne pour. Les bons grands-parents Escorne/Colombet ont toujours veillé sur les deux petits pas riches, mais pas dans le besoin non plus. Il était sellier, vétéran de la guerre entre 1864 et 1871 dans les hussards. Nina était propriétaire terrienne à Cumon. Nina ... Nina ! J’adore ce prénom : Nina !


Félix ESCORNE et Nina COLOMBET

Félix le grand-père, haut en couleur à ce qu'il parait, est décédé en 1916 et Jules à peine un an plus tard, Jantou et petit Pierre furent donc couvés et adulés par Berthe et Nina restées veuves presque en même temps. Cette dernière décida donc de vivre à la Farge avec sa fille et ses petits-fils Jantou et Pierre. Mais revenons sur mon Jantou !




Jantou avait fait des études secondaires : pensionnaire à Périgueux ? Angoulême ? Je ne sais pas, toujours est-il que je le vois en uniforme d'étudiant sur certaines photos. À 20 ans, il part faire l'armée à Angoulême et là, ça ne ratait jamais, lorsque nous allions passer notre mois d'août au Bugue nous passions toujours devant son ancienne caserne (on ne risquait pas de la louper !!!) Nous avions un rappel de clairon au passage du grand portail du 177ème régiment d'Infanterie d'Angoulême. "Hé petits ! pépé a passé ses 20 ans là derrière ce grand portail ", je l'entends encore avec ce léger accent qu'il avait gardé malgré sa vie parisienne, Oh ! Moins fort que celui de tonton Pierre, mais tout de même chantant.

Puis Jantou, comme beaucoup de jeunes à l'époque, est monté faire carrière à la capitale.  Elégant, présentant bien, voici sa photo de nouveau Parisien vers les années 1923/24.


Au régiment Sa toute nouvelle vie de parisien
Il est entré à la maison CHERAMY / HOUBIGANT / Jean D'ESTRÉE (qui ne connait pas l'eau de toilette " H pour homme " ?) Où il y a fait carrière de son arrivée dans la capitale .... Jusqu’à sa retraite. Ses débuts furent en tant que représentant et, à l'heure de la retraite, il était toujours qualifié de représentant, mais cadre. Son grand amour - mamy Alice Tout à côté de la Place de la Farge, le Maire du village à l'époque, avait en pension une petite parisienne, très jolie brunette avec de très très longs cheveux noirs, de jolis yeux noisette répondant au doux prénom d'ALICE. Timide, même secrète, sûrement un peu triste : " ALICE ". Alice n'avait pas eu de chance, sa maman et son petit frère étaient décédés eux aussi de la grippe espagnole en 1916, son papa était à la guerre, ses oncles aussi : elle avait 8 ans, son papa ayant été gazé durant la Grande Guerre, se trouva à l'hôpital militaire avec le Maire du Bugue qui devait rentrer chez lui. Le papa d'Alice, lui devait repartir. Ils se lièrent d'amitié et Alphonse lui expliqua son malheur et il fut conclu qu'il accepta de prendre Alice comme pensionnaire, (ma mère a encore les carnets de comptabilité très bien tenus, de la pension de mamy)....




La photo de l'au-revoir juste avant le départ pour le BUGUE .... Comme leurs cœurs devaient être gros .... !



La guerre finie, le papa d'Alice en rentra malade, très malade du camp de la Courtine (Creuse) et ne pût reprendre Alice, il continua donc de pourvoir aux besoins de sa petite. Il mourut quelques courtes années après, Alice avait alors 16 ans. Son papa était originaire du Pas-de-Calais : Berck sur Mer, et sa maman était de la Nièvre. Alice, elle était née à Paris en 1908. Il n'y a que très peu de temps que j'ai découvert, sur l'acte de mariage de mes grands-parents que Mr GLENE était devenu le tuteur de mamy. Il me plait à croire que le coup de cœur l'un pour l'autre, entre la petite Alice et Jantou, a débuté dès leur enfance ; sinon, Alice n'aurait-elle pas rejoint sa famille, ses oncles étant rentrés de la guerre ? Elle avait deux oncles côté paternel et un côté maternel dans la Nièvre. Je sais qu'ils avaient voulu l'accueillir. Ils se marièrent en 1929 au Bugue et je pense repartirent à Paris, cette fois ensemble, car maman y est née 1 an après en 1930 et taty en 1931. Après quelques brefs changements d'arrondissements, ils se sont fixés dans le 14ème, arrondissement, rue Sarette où je les ai toujours connus y demeurer et où je suis née d'ailleurs. Alice au début de sa vie active avait été postière puis institutrice au Bugue et à Paunat, elle continua un peu à Paris dans l'école d'un cousin Colombet y étant directeur, mais quelque temps après la naissance de leur deuxième fille, Christiane, elle, décida de changer et commença une carrière différente, cette fois dans les assurances : Assurance "La France" où je l'ai toujours également connue travailler en tant que chef de bureau à la comptabilité.

Enfin à la retraite, ils reprirent le chemin du Bugue et de la place de la Farge. Alice mourut en 1977 à Antonne suite à un AVC, elle avait 69 ans. Pour la première fois de ma vie, j'ai vu mon grand-père pleurer et, toujours fier, se redresser d'un seul coup comme pour ne pas nous montrer sa douleur. Jantou, lui, nous a quittés en 1985 à Trélissac, à l'âge de 84 ans. Ils furent, je n'en doute pas, très heureux car maman et ma tante m'ont dit ne jamais les avoir entendus se disputer, un simple mot ou signe suffisait à recadrer la situation calmement sans bruit.






Mariage de Jantou et Alice 1929 De leur amour naquit Jeannine, ma maman, qui eut 3 enfants dont moi, et 5 petits-enfants. Maman est partie vivre au Bugue dès sa pré-retraite car elle avait choisi un Buguois d'origine comme compagnon. Ma tante Christiane a eu 1 enfant et 2 petits-enfants, elle vit toujours à Versailles près de son fils, avocat. Vie tranquille, sans histoire, sans cris, posée, sans soucis particuliers, peut-être dû aux traumatismes de leur enfance du fait d'avoir perdu tous deux leurs parents très jeunes. Une vie et un amour tout en harmonie, malgré la traversée de la Seconde Guerre Mondiale, pendant laquelle, du reste, Jeannine et Christiane furent envoyées au Bugue pendant une année chez leur grand-mère Berthe.

Si nous Parlions un peu de nos vacances buguoises ?

Mes grands-parents Jacoutet passaient nous prendre aux Sables-d'Olonne chez nos grands-parents paternels où nous avions passé le mois de Juillet : journées plage .... pas d'heure pour manger, se coucher, cool, liberté totale, super ! .... Oui, mais au Bugue, là, ça n'était plus la même chanson : bien se tenir à table, messe le dimanche, robe en broderie anglaise pour moi, chemises blanches pour mes deux frères, prière le soir (pffff) Mamy était très à cheval sur les bonnes manières ; quant à la sieste de pépé, je l'entends encore ronfler, je me demande s'il ne faisait pas trembler la Farge ! À son réveil, c'était les balades dans les coteaux ou dans les villages alentours ou encore la tournée des cousins et cousines de pépé. Pépé Jantou aimait beaucoup la pêche : il partait sa canne sur l'épaule en sifflotant (je n'ai pas le souvenir qu'il ait ramené grand-chose, mais le plaisir avait été de la partie). Nous avions souvent des grands soupirs d'impatience, mais aimerions bien pourtant retrouver ces bons temps de sérénité. Le matin ! Tous les matins, 365j/365, il s'astreignait à faire de la gymnastique devant sa fenêtre grande ouverte afin de garder la forme. Le dimanche, il nous ramenait non pas des chocolatines (comme vous dites) mais des petits pains en forme de petits bonhommes tout chauds que faisait M. Dazenière le boulanger (hummmm !) Tout a une fin et surtout les vacances, il fallait rentrer sur Paris. Dans la voiture çà n'était pas vraiment l'euphorie. Si, en partant le rituel était de chanter à tue-tête tout au long de la route dont le chef de chœur était mon grand-père .... : « Au Lycée papa, au lycée papa ... au lycée papillon » avec un bon gavage de bonbons à la menthe, au retour, pas de bonbons à la menthe et silence radio ..... Il quittait son Bugue (et nous, nous reprenions le chemin de l'école, le Lycée Papillon de cette vieille chanson n'avait plus aucune grâce à nos yeux). Mes grands-parents étaient un peu stricts, un peu plus mamy que pépé, ce qui ne les empêchait pas d'être très agréables, souriants, et ne fuyant pas l'humour de bon goût. Mais l'éducation et les bonnes manières c'était primordial pour eux. Mamy quand elle riait, riait même de très bon cœur. Elle disait souvent en riant que pépé était tête en l'air, quand il allait aux cèpes, elle avait toujours peur qu'il se perde, ce qui est arrivé une fois du reste.

J'avoue avoir compris avec le temps, qu'en leur compagnie nous connaissions la paix, la sécurité, et cela fait du bien rien que d'y penser, même si nos vacances périgourdines, après 1 mois de vie de chiens fous à la plage, nous barbaient parfois. Cet équilibre c'est à eux que nous le devons.

Ils reposent à présent au pied du coteau que domine Bara-Bahau, ensemble à tous jamais. Bara-Bahau qui signifie badaboum, une grotte dans laquelle Jantou nous a souvent conté qu'il escaladait le coteau avec ses copains afin d'aller y jouer.


Par ANNIE-ALICE MOUNIER

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