GUINOT

Guinot, roi du pastis Périgourdin.

« Pastis Guinot fils », « Guinot quina », « Liqueur de genièvre » !

1749-1949 : des générations de Guinot au fil de la Dordogne. Pierre-Alexandre avec ses parents Marie-Elodie Audinot et Edmond Guinot.

Guinot Pierre Alexandre, dit Jean, naît à Sarlat le 29 mai 1887.

Il est le fils d’Edmond, armurier à Sarlat, qui comme ses aïeux travaille le bois. Ses ancêtres Guinot, sont arrivés en Dordogne en 1749, Jean et son neveu François 12 ans ; ils sont membres d’une très nombreuse famille de scieurs de long. Chaque année les hommes descendaient leur bois depuis Magnat-l’Etrange à la limite entre la Haute Corrèze et la Creuse, jusqu’à Argentat pour le charger sur les gabares qui redescendaient la Dordogne. La vie de scieur était très rude. Un jour, lassés de ne pas gagner suffisamment leur vie, ils ont suivi un de leur client tonnelier à Domme pour venir s’installer avec lui dans ce joli village.

Le voyage se fit en gabare, et le jeune François n’était pas vraiment rassuré : Il n’est encore jamais monté sur un bateau, il est un peu inquiet, tout se passe si vite ! Il part sans même avoir dit au revoir à sa mère et à ses frères et sœurs. Il n’a rien emporter si ce n’est ce qu’il a sur le dos, la tenue traditionnelle des scieurs de long : un pantalon de velours épais serré aux chevilles, une ample blouse bleu foncé, un gilet de laine sur une chemise de chanvre et un chapeau en feutre de laine à larges bord pour le protéger de la pluie et de la sciure. Une fois le chargement du bois et autres denrées périssables terminé, le maître gabarier prend la direction des opérations. François s’est réfugié sur le pont entre des fagots de bois, des sacs de châtaignes et des paniers remplis de fromages odorants. Mais il n’a pas le cœur à profiter des bonnes odeurs ou du paysage. Les soubresauts du bateau sur la rivière lui donnent plutôt la nausée. Le soir venu, l’escale à Beaulieu-sur-Dordogne est la bienvenue. Tous les gabariers font halte dans cette commune, non seulement pour manger et dormir à l’auberge, mais surtout pour aller à la chapelle des Pénitents faire brûler un cierge à la bonne mère, pour la remercier de les avoir protégés des naufrages fréquents dans cette partie de la rivière. C’est ainsi qu’après trois jours de navigation en gabare, Jean GUINOT et son neveu François débarquent au port de Domme. Trois générations de Guinot tonneliers, vont œuvrer près de la rivière. Des descendants de ces derniers vivent toujours à Cénac, certains à Sarlat, à Martel près de la Dordogne.

Vers 1787, Jean Guinot (grand-père de Pierre-Alexandre), décide d’abandonner la tonnellerie pour devenir arquebusier du roi. Certes, il travaille toujours le bois, mais son affaire est beaucoup plus rentable. A tel point que très rapidement, il finit par quitter Domme pour s’installer à Sarlat avec deux boutiques : une dans la rue principale (pas encore la traverse), et une échoppe accolée à l’église.

A la naissance de Pierre Alexandre, son grand-père tient toujours la boutique avec son père Edmond et son oncle Arthur. Pierre Alexandre, fils unique, entre au collège des jésuites de Sarlat, et chacun dans la famille pense que cet enfant assez brillant prendra la suite de ses anciens.



Le collège St Joseph à Sarlat.

Mais ce dernier ne l’entend pas de cette façon, le bois ne l’attire pas, les études et les jésuites l’ennuient. A seize ans il finit par fuguer. Lorsqu’il réapparait dans la famille, quelques années après, c’est pour expliquer qu’il a trouvé sa voie dans ce qui est liquide !!! En effet, après avoir commercialisé des vins et spiritueux en Dordogne, et dans le Lot, il achète après la guerre de 14-18, des vignes et un chai, et s’installe au centre de Siorac-en-Périgord.

Il possède alors une belle maison dans le village. Sa femme et leurs enfants vivent de façon aisée avec du personnel dans la maison et dans le chai. Il est le premier du village, dans les années 1920, à posséder une voiture avec un chauffeur car il ne voulait pas apprendre à conduire. A la pointe du progrès il fait imprimer des cartes postales qu’il distribue et dépose partout où il passe, pour faire la publicité de ses vins, « Pastis Guinot fils », « Guinot quina », « Liqueur de genièvre » !



Tout semble aller pour le mieux, mais, son caractère frondeur ne le quittant pas, dès sa création, il adhère au parti communiste. Complètement porté par l’idéal qui y est défendu, il va commencer à distribuer sa petite fortune au parti. Bientôt il est contraint de vendre son affaire de Siorac. Il se réinstalle plus chichement à Cahors, avant de terminer en louant un chai à Toulouse de façon tout à fait modeste au grand dam de son épouse et de ses enfants. Toutefois, jusqu’au bout il va rester fidèle à ses idées, sa distillerie de Toulouse il la nommera « distillerie de l’Inter », et son dernier apéritif s’appellera « l’internationale » avec une étiquette explicite….


On a des convictions ou on n’en a pas !

Par Geneviève BRUN-ELLIS.

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