Henri BOISSEAU un grand-père parti trop tôt

Les origines

BOISSEAU est un nom de famille dérivé de BOISSEL mais c’est aussi, entre autre, la mesure de capacité pour les grains. Ce nom m’a été transmis par mes ancêtres originaires de la commune de LISLE et de ses environs faisant partie du canton de BRANTOME.

Mon grand-père, Henri, né le 26 janvier 1900 à ROCHEREIL, commune de LISLE, est l’enfant de Denis BOISSEAU, âgé de 35 ans et de Noémie DEMOULINS, âgée de 20 ans exerçant tous deux le métier de cultivateur, qui valut à Noémie, en 1928, la médaille d’honneur agricole. Les témoins de cette naissance, domiciliés à LISLE, sont Mathurin COUSTILLAS, cabaretier âgé de 39 ans et Pierre BESSINE, chaisier, âgé de 32 ans.


En 1901, il habite à LA ROCHETTE au n° 168, avec ses parents et ses grands-parents maternels Antoine DEMOULINS et Marie COLOMBEIX, âgés respectivement de 63 ans et 57 ans, exerçant le métier de cultivateur tous les deux. En 1908, une petite sœur vint au monde et elle se nommait Eva. L’adulte Il devint un homme aux cheveux châtain clair et yeux bleus mesurant 1,66 m qui ne laissa pas ma grand-mère, Marie DUPUY née à LA MONERIE, commune de LISLE, indifférente. Cet amour a eu pour conséquence une grossesse avant mariage. Un garçon est né et a été bien fêté. Les témoins partis à pieds pour la déclaration à la Mairie qui était à quelques km, se sont arrêtés sur le chemin pour annoncer la naissance. Bien sûr c’était l’occasion pour boire un verre ensemble, mais après quelques maisons visitées, la naissance a été déclarée avec une journée de décalage et .cet enfant qui devait s’appeler Gabriel Maurice, a été déclaré Maurice Gabriel. Il a été reconnu par le mariage de ses parents le 1er octobre 1920.

Henri a effectué son service militaire, qui, depuis la loi de 1905, durait 2 années. Il incorpora le 21ème régiment d’artillerie au mois de mars 1920 et fut nommé Premier Canonnier conducteur en octobre. Il fut envoyé en disponibilité avec certificat de bonne conduite en mars 1922. Il passa dans la réserve de l’armée active classé dans l’affectation spéciale en qualité d’homme d’équipe jusqu’en 1924.


Le changement de vie

En 1922, ne voulant pas continuer la vie de cultivateur de ses parents et ancêtres, il prit femme et enfant et s’installa à CAMBRAI dans le Nord où il fut embauché aux Chemins de Fer. Un deuxième enfant, Robert, est né en 1926. En 1932, il déménagea à SOLESMES où est né mon père, René, en 1934. En 1937, il posa ses cartons et valises dans l’Aisne à SAINT-QUENTIN, où je suis née, et habita une maison mise à disposition par les chemins de fer qui devint la SNCF le 1er janvier 1938. Il resta dans la cité des cheminots de GAUCHY, petit village proche de SAINT-QUENTIN, jusqu’en 1955, année de sa retraite.

La retraite

Obligé de quitter la cité des cheminots, il emménagea avec sa femme dans une maison en location dans une rue du centre-ville de SAINT-QUENTIN. Son désir aurait été de retourner vivre à LISLE, mais ma grand-mère voulait rester près de ses enfants et petits-enfants. 1960, ma naissance et la petite fille que mes grands-parents n’ont pas pu avoir, n’ayant eu que des garçons qui leur ont donné des petits fils, allait devenir leur centre d’intérêt. Mon grand-père était devenu un homme aux cheveux blancs, très élégant. Il se promenait beaucoup dans la ville et était surnommé « Jean Gabin » ayant la même allure physique et une chevelure aussi abondante.

Mais malheureusement, je n’ai pas pu lui rendre l’amour qu’il m’a donné car je me souviens avoir eu peur de lui au point de me cacher sous la table quand il arrivait. Cette attitude était dû au fait qu’il n’avait pas perdu son patois périgourdin et la petite fille que j’étais ne comprenait pas ce grand-père qui n’hésitait pourtant pas à passer la nuit dans un autre lit pour calmer les peurs que j’avais, en me laissant dormir avec ma grand-mère. Pour les repas, il n’avait pas oublié ses origines et commençait toujours par de la soupe dans laquelle il mettait du vin avant de la finir, fa chabròu.

Ses plus grands voyages ont été les allers-retours en train de SAINT-QUENTIN à LISLE pour rendre visite à ses parents.
Mais un voyage qu’il a fait pour venir me chercher chez son fils ainé, Maurice, qui vivait en Normandie où je passais mes vacances, m’a laissé un souvenir mémorable. Départ de la maison de mon oncle en bus jusqu’à la gare de CAEN où mon grand-père m’installe dans le train et s’en va. A 10 ans, l’imagination vous fait vivre des moments pathétiques et la peur de l’abandon s’installe. Mais non, il revient un sandwich à la main ne s’étant pas rendu compte de l’impact que cette absence avait eu sur sa petite fille, trop content de n’avoir pas oublié qu’elle aurait peut-être faim pendant le voyage. Arrivée chez mes grands-parents, trop contente de raconter l’anecdote de l’abandon à ma grand-mère qui n’a pu s’empêcher de le réprimander en lui précisant qu’il ne devait plus faire cela maintenant comme il le faisait avec ses fils à l’époque où ils retournaient en famille sur la terre de leurs ancêtres.

La fin de vie

Décembre 1971, une congestion cérébrale, l’AVC de notre époque, l’a emporté en un mois. Au décès de mon grand-père, le secret de famille que ma grand-mère me cachait honteusement tomba, sa grossesse avant le mariage qui est, pour moi, la conséquence de leur amour qui a duré 52 ans et qui serait visible sur un arbre, à côté de Rochereil, découvert par leur fils aîné, où un cœur avec un H et un M ont été gravés. Quelques mois après, ma grand-mère, envahie par le chagrin, mourrait. Elle avait arrêté le traitement qui la préservait de l’infarctus qu’elle a fait en avril 1972. Il n’a pas eu le temps de me transmettre son amour pour le Périgord qu’il a dû quitter jeune pour acquérir une meilleure situation mais dont il avait gardé l’accent pour ne pas perdre ses racines, il a su les transmettre à mon père qui n’a pas manqué, lors de nos retours de vacances, de faire une halte chez nos cousins du Périgord où la petite fille de Henri et Marie a toujours été bien reçue.


Par Sylvie DEBUT.

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