URBANOVITCH Andrj, dit « André » ou "Doublemètre"

Il est né le 2 janvier 1910, Velicki-Bekereck (Serbie, empire austro-hongrois).Fils de bonne famille. Émigré yougoslave d’ascendance juive et hongroise, en 1930. Il devient étudiant en droit à la Sorbonne. Personnage aussi opportuniste que doté de facultés intellectuelles et physiques bien au-dessus de la moyenne, polyglotte. Il est longtemps tenu pour suspect par les autorités. Il se mariera deux fois et aura deux garçons officiellement.

Engagé dans un régiment de volontaires étrangers, sitôt la déclaration de guerre, il suivit une formation d’officier au camp du Barcarès (Pyrénées-orientales). Combattant lors de l’offensive allemande de mai-juin 1940, il fut pris sur la Loire mais s’évada rapidement du Frontstalag de Longvic (Côte-d’Or).

Il va se réfugier en Périgord Vert. Il va servir au groupement de travailleurs étrangers de la vallée de l’Isle. Entré à l’Armée secrète, en forêt du Landais, en 1943, puis passé aux FTP de la Double, au grade lieutenant et sous le nom de guerre de « Doublemètre » qui allait lui coller à la peau. Quasi commissaire politique car décrit comme faisant l’article marxiste auprès des jeunes maquisards. Intrépide dans des circonstances difficiles, comme lors de l’attaque d’un train allemand, à Mussidan, le 11 juin 1944 où huit résistants trouveront la mort ainsi que le chef du train. Les allemands seront auteurs en représailles de 47 fusillés plus cinq autres personnes massacrés dans la rue. Il prit aussi part à une action contre la prison de Bergerac, le 29 juillet suivant, qui permit de délivrer une quarantaine d’internés politiques communistes.

Au cours de ses fonctions épuratives, il organisa et prit part à l’enlèvement du contre-amiral Platon, ancien ministre de Vichy et partisan ouvert de la répression contre le maquis, à la fin juin 1944. Celui-ci fut condamné à mort par un « tribunal révolutionnaire » présidé par le pseudo-résistant Yves Péron alors qu’Urbanovitch tint le rôle d’avocat pour la seule et unique fois de sa vie. Platon fut seulement fusillé le 28 août 1944, après la libération du département.


Chef d’orchestre très opérationnel de l’épuration violente de l’été de la Libération et resté sous la férule de Péron, c’est l’historien Jacques Lagrange qui fut l’un des premiers chercheurs à indiquer qu’Urbanovitch avait eu des donneurs d’ordres politiques. En septembre 1944, le nouveau capitaine FTP assura également le transport à Paris de près d’un milliard de francs de l’époque (180 millions € actuels) sur les 2.280 millions pris au détriment de la Banque de France, dans un train, en gare de Neuvic-sur-l’Isle, le 26 juillet précédent. Il aura dans son bureau à Périgueux en face lui « Maurice Chevalier » qui dans ses mémoires qualifiera de plus mauvais quart d’heure de sa vie. Vingt ans après-guerre, l’aventurier fut doté d’états de services extravagants par les soins de Roger Ranoux. Engagé au 151e RI, le « régiment rouge » de Paris, l’aventurier fut membre des services de renseignements de l’armée, en Alsace, au début 1945. Pour autant, poursuivi pendant plusieurs années par cinq juges d’instruction militaires successifs et momentanément emprisonné, il fut élargi par les soins d’André Malraux. Bénéficiaire des larges lois d’amnistie, protégé par l’omerta de l’époque et de complices appuis, il se sortit d’affaire par un non-lieu des plus discutables, nanti de la Légion d’honneur, de la croix de guerre et de la rosette de la Résistance. Formé par Pierre Worms, critique d’art réfugié en Périgord entre 1940 et 1944, l’ancien maquisard devint un marchand de peintures reconnu, installé rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.




Par Jean-Louis FILET.

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