ROUFFIGNAC-SAINT-CERNIN-DE-REILHAC Pierre Khantine

''A l’est du département de la Dordogne, dans le Périgord noir, la commune de Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac est arrosée par deux affluents de la Vézère : le Manaurie et le Vimont. Son altitude varie entre 116 et 304 mètres. Associée à la commune de Saint-Cernin depuis 1972, Rouffignac, après avoir fait partie du canton de Montignac, a intégré depuis le 1er janvier 2014, la communauté de communes de la Vallée de l’Homme. Sa population s’élevait à 1590 habitants en 2016. Elle est jumelée depuis 1989 avec une commune du Bas-Rhin : Bindernheim. Les habitants de ce village alsacien étaient venus se réfugier à Rouffignac en 1939. Elle est habitée depuis la préhistoire et on peut y découvrir :
- la grotte aux cent mammouths,

- le château de l’Herm du 16ème siècle,

- l’église Saint-Germain avec son intérieur de style gothique flamboyant,

- l’église Saint-Saturnin à Saint-Cernin,

- le dolmen du Cayre,

- l’Espace Mémoire du 31 mars 1944,

- le groupe scolaire Pierre Khantine.''


Pierre Khantine est né à Paris le 18 décembre 1915 de parents d’origine russe. Il est devenu français par déclaration souscrite le 30 décembre 1924. Il fait ses études primaires à l’école Gustave de Rothschild et ses études secondaires au lycée Henri IV à Paris, dans le 5ème arrondissement. Au concours général de 1935, il obtient le premier accessit en mathématiques et le deuxième prix de physique. Cette même année, il est reçu au concours de Polytechnique et au concours de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il opte pour l’E.N.S. et en 1938, il est reçu second à l’agrégation de mathématiques.

En 1938 et 1939, il est professeur de mathématiques à l’Ecole Navale. Il fait la guerre en qualité d’aspirant d’artillerie. À la suite de la promulgation, le 3 octobre 1940, par le gouvernement de Vichy, des lois raciales sur le statut des juifs, il est exclu de son poste de professeur.

De 1940 à 1943, il s’engage dans la Résistance au sein du mouvement des Eclaireurs Israélites de France. En 1942, il est chargé de mission au sein de la « Sixième », branche clandestine des E.I.F. Il devient le commissaire régional des E.I.F. en zone non occupée. A Moissac, il est professeur au centre artisanal où sont regroupés des enfants et des adolescents ayant fui la zone occupée par les Allemands. Il participe à la recherche de lieux pour les cacher. C’est à ce moment-là qu’il rencontre Paulette Benroubi. Elle a de faux papiers au nom de Paulette Beaumont et elle est rattachée à l’Œuvre de Secours aux Enfants (O.S.E.) de Lyon. Sous la dénomination fictive d’assistance sociale, elle est chargée de rechercher des nourrices et des pouponnières pour placer les tout-petits en danger de déportation. Mais après le 11 novembre 1942, date à laquelle la zone libre est occupée par les Allemands, la « Sixième » décide de disperser les personnes du centre de Moissac.

C’est en juillet 1943 qu’il épouse Paulette Benroubi. En août, le couple s’installe à Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac (Dordogne) où Pierre est sollicité pour occuper un préceptorat auprès du fils de Monsieur Delpeuch, propriétaire du domaine de Tourtel. Le maire de Rouffignac, Fernand Lablénie, leur procure de fausses cartes d’identité au nom de « Cantine » et sans la mention « juif ». Malgré cela, Pierre Khantine n’échappera pas aux chasseurs de juifs.


En mars 1944 une division allemande commandée par le général Walter Brehmer est constituée pour intensifier la lutte contre les « terroristes ». Elle reste une semaine en Dordogne et sème la désolation dans tout le département (à Ribérac, dans la Double, à Brantôme, Excideuil, La Bachellerie …). Le 30 mars, sur la RN 89, près de Fossemagne, un groupe de maquisards FTP fait prisonniers deux soldats allemands. En passant à Rouffignac, la voiture qui les transporte s’arrête devant le café de France. En repartant, elle croise une colonne allemande. Les maquisards abandonnent leur véhicule et disparaissent dans les bois. Les deux prisonniers allemands racontent que les jeunes du bourg les ont molestés. En représailles, le lendemain (31 mars), la division Brehmer envahit le village. Elle demande le lieu de stationnement du maquis. Personne ne répond… L’ordre est alors donné à tous les habitants de se réunir sur la place… Les hommes, au nombre de 65 dont le maire et les gendarmes, sont mis à part pour être conduits à Périgueux et incarcérés à la caserne du 35ème Régiment d’Artillerie.

En route, le convoi s’arrête à Azerat. Pierre Khantine, le seul juif du groupe, est séparé des autres, emmené par un officier allemand et fusillé.

Pendant ce temps, à Rouffignac, après avoir fait évacuer les habitants du bourg, les maisons sont pillées. Puis des bombes incendiaires sont lancées dans les habitations et ce n’est bientôt qu’un immense brasier. Le lendemain, il ne reste que l’église et les trois maisons qui l’entourent.

Suite à ces événements et sur décision du général de Gaulle, la croix de guerre 1939-1945 avec palmes est attribuée à Rouffignac et remise le 11 novembre 1948 par le général Duchet.


La reconstruction du bourg de Rouffignac a permis de doter la commune d’un groupe scolaire vaste et fonctionnel qui est inauguré le 31 mars 1952. Il s’inscrit aujourd’hui dans une zone qui accueille un stade, des courts de tennis, une salle de sport et des infrastructures ludiques.



Le 31 mars 2007, le maire Jean-Gérard Faure dévoile la plaque indiquant que cette école prend le nom de « Pierre Khantine » en hommage à ce résistant d’origine juive, réfugié dans le village, victime de la barbarie nazie.





Par Huguette SIMON LABROUSSE.

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