Villageot (Le) Suzanne NADAL

Monbazillac, dans le Périgord pourpre, à une dizaine de kilomètres au sud de Bergerac, sur les hauteurs au milieu de vignes. Un vin blanc liquoreux à la si grande renommée. Malfourat en est un lieu-dit.


« Le Villageot » était le nom de la maison de mes ancêtres, il se situe au lieu-dit Malfourat sur la commune de Monbazillac. Il comprenait un îlot de maisons ainsi que des vignes de l’appellation Monbazillac. Mon arrière-grand-mère Catherine en est devenue propriétaire en 1906 lors du partage des biens de ses tantes Dailhac.
L’enfance Marie Louise Isabelle Suzanne Nadal, ma grand-mère maternelle, est née le 4 juin 1895, rue Victor Hugo à Bergerac, elle est la fille de Catherine Marguerite Dailhac et de François Nadal. Sa petite sœur Thérèse Anne Marie vient au monde, à Bergerac le 19 mai 1897. Leur père François est caissier principal à la banque de France à Paris, il décède le 2 Février 1906 à Bergerac.

Les deux petites filles, vont être élevées par leur mère et les tantes de celle-ci : Zaïda, Marie et Elida. En 1910, elles vivent dans la maison des tantes, place Gambetta à Bergerac.



La jeunesse

En 1913, Suzanne a 18 ans, elle fait la connaissance de Louis Laforêt, il est épicier de l’autre côté de la place. Ce fut le coup de foudre, ils se marient le 24 juin 1914, juste avant la 1ère guerre mondiale. Louis est mobilisé et part au combat. Suzanne est enceinte de Cécile leur fille aînée. Elle voit le jour au mois d’avril 1915. Lorsque Louis est en garnison, elle le rejoint, d’abord à Angoulême, puis à Fontainebleau entre 1915 et 1916 : sa 2ème fille Ginette, voit le jour le 13 septembre 1916 à Bergerac. Viendront ensuite, Germaine en 1920 et Henri dit Riri en 1927. Au moment de l’armistice, Louis est au Villageot en convalescence chez sa belle-mère, ils s’y installent définitivement et vont y rester jusqu’en 1962, date à laquelle ils se retirent à Bergerac.

La famille

Mamie, comme nous l’appelions, n’a certainement pas eu une vie toujours facile, elle a élevé quatre enfants, quelques petits enfants, du reste les ainés de ces derniers, l’appelaient souvent « maman ». Mais il y avait aussi les grandes tablées des repas de de fêtes, les vendanges, toujours des amis de passage.


Les années 30-40 au Villageot. Photo collection privée GC.
De nouveau mobilisé en 1939, Louis repart au combat, il est fait prisonnier en 1940 et y reste jusqu’en août 1941. Entre 1941 et 1945, ils accueillent des réfugiés, venant en particulier de La Rochelle, avec lesquels la famille tisse des liens amicaux.

Les quatre enfants se sont mariés, ils vendent la propriété en 1962 et s’installent à Bergerac. Suzanne adore les voyages et par-dessus tout, les séjours à Biscarrosse, le seul souci étant de trouver un chauffeur. Ils vont se faire véhiculer par des amis, iront visiter l’Allemagne au mariage de mon cousin, la Champagne en passant etc.

La retraite

Mais dès que Pâques arrivait, elle préparait les paquets et en route pour Biscarrosse dans la petite maison de famille, bien trop petite pour tout le monde qui y séjournait, soit dans la maison, soit la caravane ou la tente plantée dans le jardin. Il n’y a pas d’eau courante, toute la maisonnée se sert à la pompe. Mais le mois de mai les ramenait à Bergerac où elle nous régalait des fraises du jardin à la chantilly, des haricots frais cueillis etc… Le mois de juin arrive, retour à Biscarrosse jusqu’à la rentrée des classes (fin septembre). Il y avait un rituel très au point, les jeunes, le matin, vont à la plage après avoir fait quelques courses selon la liste, retour pour déjeuner, et attention soupe obligatoire midi et soir, sinon, pas de melon ! L’après- midi, après la vaisselle, partie de belote avec le grand-père et les voisins ou locataires ou amis, puis vers 16 heures, plage, Mamie, son tricot, son pliant, sans oublier le parasol. Elle surveillait ses ouailles en tricotant et en papotant avec son amie de toujours. Pour les jours de pluie, c’est atelier coquillage et balade à pied.
Les gros orages du mois d’août ramènent les campeurs dans la maison, où tout le monde s’entasse dans la pièce principale en attendant un retour au calme.

Et le soir ? A 14 -15 ans, nous n’avons pas droit aux boites de nuits, c’était balade à pied jusqu’à la plage avec arrêt sucette obligatoire. Nous les jeunes, allions admirer le coucher de soleil sur la mer et partie de belote au retour. Les dernières années, nous avions droit à la séance de cinéma.

Dans les années 70, à La Coquille. Photo collection privée GC.

Ce fut ainsi jusque vers l’été 1971, elle nous a quittés le 19 avril 1972 à l’âge de 76 ans.
Je suis revenue à Biscarrosse, ce ne fut plus jamais pareil, elle était l’âme de cette maison. Je peux dire que j’y ai passé mes plus belles vacances.

Par Geneviève COULAUD.

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