Chabrol

« Faire Chabrot », ou « Chabrol » en occitan, est une coutume de la moitié sud de la France.

« Faire Chabrol » : une tradition des repas de fête qui se perpétue encore de nos jours : cette coutume révèle l’authentique périgourdin et c’est aussi un art de vivre.

Pratiquée au XIXe siècle dans tout le Périgord, le Chabrol représentait, pour Eugène Le Roy, un critère d’identification régionale. Quelle que soit la recette du bouillon, les Périgourdins « faisaient Chabrol » en versant, juste avant de terminer leur potage, un vin de pays, (et par question d’économie, c’était de la « piquette »), dans le fond d’une assiette dite « calotte », aux bords bien droits, et en buvant ce mélange à même le récipient. « Le bon niveau est atteint lorsque le dos de la cuillère retournée dans l’assiette, n’émerge plus du vin : ça requinque, aide à digérer et ça donne de l’appétit pour la suite du repas ». L’assiette, encore chaude, met le breuvage à bonne température et le rend capiteux. La chaleur du bouillon développe l’arôme du vin. Les meilleurs « Chabrols » sont faits dans la soupe de fèves, la soupe à l’oignon, le bouillon de poule, le pot-au-feu ou soupe fricassée agrémentée d’un bon morceau de viande.

D’où vient ce mot ??

Certains disent de « chèvre », parce que les moustaches du buveur se chargent de liquide comme les barbes de la chèvre. D’autres prétendent qu’un bœuf chabrot, a les cornes disposées comme les bras de l’homme qui soulève l’assiette à sa bouche.

Quoi qu’il en soit, le chabrol tient dans la vie périgourdine, une place capitale… « Peu de marchés qui n’étaient conclus par un chabrol « ! On lui attribuait des vertus thérapeutiques : tonique, fortifiant, revigorant… « Un bon chabrol, vaut 40 sous volés au médecin » On lui accorde aussi la faculté de délasser les personnes qui sont très fatiguées par suite d’un travail harassant ou une longue marche. « Faire chabrol », « faire chabrot », « boire à chabrot » ... autant d’expressions pour définir le fait de rajouter du vin à la fin de sa soupe.

En Périgord, on dit « fa chabrou ». Cette pratique s’est généralisée à toutes les classes sociales périgourdines au cours du 19e siècle. Toutefois réprouvée par les bonnes mœurs de la table, à cause du bruit inhérent à la façon de boire. « Les jeunes générations, plus raffinées, sorties de leur village, ont laissé tomber cette coutume. Il faut dire que cette pratique était réservée exclusivement aux hommes, aux manières bien souvent rustres et peu délicates » Monestier, une des figures de la Félibrige en Périgord disait : » Sans chabrol, il n’y a pas d’homme !! » Seules les femmes qui venaient d’accoucher ou qui allaitaient, pouvaient prétendre au chabrol quotidien ; et pour les adolescents, le 1er chabrol avait valeur de rite initiatique ouvrant sur le monde des adultes. En 1834, le nouveau préfet de la Dordogne, Auguste Romieu commande une grande enquête statistique, portant sur la société périgourdine et qui sera réalisée par Cyprien Brad : Il en ressort, en gros, que ce sont les agriculteurs qui « font chabrol » ; mais dans le canton de Monpazier, l’usage est répandu dans les meilleures sociétés, et les dames en donnent l’exemple. Ce qui n’est pas le cas dans le reste du département. La pratique du chabrol est bien ancrée, surtout dans les arrondissements où la vigne est présente. Une académie a même été créée afin de promouvoir cette antique coutume. L’Académie du Chabrol avance une explication plus séduisante sur l’origine du mot : « En 1580, Montaigne fuit l’épidémie de peste, et se réfugie chez les Chabrot. Dans cette maison, on sert du vin après la soupe, dans le reste du bouillon, une habitude censée repousser les maladies. Ce geste marquera Montaigne qui, désormais, boira du vin après la soupe en faisant… Comme le père Chabrot ».

__ Par Maryse GRENIER.__

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