NOUSILLOU

Dans le dictionnaire topographique du département de la Dordogne du Vicomte De GOURGUES paru en 1783, un lieu intrigue : Nousillou suivi entre parenthèses de Lou Cassou. C’est dans l’occitan que l’on trouve un semblant d’explication que l’on peut traduire par « casse-noisette ».

Il s’agit d’un lieu que l’on ne voit pas sur la carte de Cassini, ni sur celle d’aujourd’hui de l’IGN, ni sur la documentation de l’office du tourisme. Heureusement, on peut facilement le situer précisément avec l’explication complémentaire : « pierre branlante, commune de Saint-Estèphe » une commune au nord du département, au-dessus de Nontron.


Ce roc branlant est un bloc de granit de 3 m sur 3, laissé en équilibre sur une table rocheuse au milieu de la rivière. Il est le résultat du lent travail des eaux sur la roche. Il se balance facilement d’une simple poussée. Un chapelet (ou chaos granitique) de blocs de granit s’étend sur une centaine de mètres. Ces roches magmatiques sont remontées à la surface du globe il y a quelques 320 millions d'années, en même temps que le Massif Central.



Nous voilà donc avec un roc branlant servant à casser les noisettes ou noix, sûrement un jeu d’enfants.

L’explication, on la trouve racontée par l’abbé Brugière. À la même époque, « on remarque dans la commune de Saint-Estèphe, un rocher appelé "le roc branlant", digne d'exciter la curiosité du voyageur. Ce bloc granitique qui mesure 4,50 m de hauteur sur 3,50 m de largeur, est placé sur une table également de granit et oscille de l'est à l'ouest sous la moindre impulsion. Il brise tous les objets qu’on lui présente et comme on se plaît à poser au-dessous des noix et des noisettes, on ne l’appelle dans le pays que « Le casse-noisette ». Il brise les pierres et tord les sous. L'accès de ce roc est difficile. À peu de distance du casse-noisette, on voit une chaîne de rocs de même nature qu'on appelle le chapelet du diable. L'un de ces rocs est muni à son centre d'un trou en forme de vase qu'on appelle le « bénitier du diable ». Il contient une eau, dit-on inépuisable ».

Le site se compose, outre le Roc Branlant, d’une forêt mixte dominée par le chêne et le châtaignier, d’une rivière, la Doue qui, partiellement dérivée, alimente le village des Petits Moulins et rejoint l’étang des Cygnes. Au centre du site, le Roc Branlant, roc granitique typique du massif cristallin du Périgord vert, se dresse au milieu d’une clairière, tel un monument, à proximité de La Doue, invisible, absorbée par un chaos granitique. Seul le bruit de la rivière trahit sa présence.

Cette ambiance a de tout temps été propice aux rêves et aux légendes. Le Roc Branlant, le chapelet du Diable, le village des Petits Moulins appartiennent à l’imaginaire collectif du Périgord et nombre de légendes et histoires fantastiques entourent ce site. L’intérêt légendaire du site provient de la réputation de ce roc, censé porter chance, et de la tradition selon laquelle les rochers du Chapelet du Diable auraient été miraculeusement créés par un moine égrenant son chapelet pour échapper aux poursuites du Diable.

Aujourd’hui, on peut lire sur un dépliant local : « Le Culbuto, qui fut un lieu de pèlerinage, raconte une histoire ancestrale : il fermerait la porte de l’Enfer, où le diable a tenté d’attirer des moines du coin. Il est possible que des druides y tinssent leurs réunions à l’époque. Aujourd’hui, le rituel consiste à coincer une pièce sous le monolithe, pour qu’il la plie. (Cela porte bonheur).

Quand Dieu créa la terre, il s'attarda particulièrement dans cette région pour la rendre plus belle, il fit pousser les plus beaux arbres, couler les eaux les plus claires dans les ruisseaux. Il égaya les sous-bois d'innombrables sources et parsema le pays d'une multitude de rochers. De tels rocs tentèrent le diable. Il choisit les plus beaux et les dissimula avant de s'enfuir pour aller cacher son butin aux enfers. Quand il prit son élan du haut de « Peyre-tenche », ses pieds fourchus frappèrent si violemment le sol que l'on peut encore y voir l'empreinte dans la roche sur la face tournée vers Saint-Estèphe.


Le Bon Dieu, qui surveillait la terre depuis les nuages avait vu le voleur et ne tarda pas à se lancer à sa poursuite. Lucifer, dans sa fuite, lâcha les rochers dans le lit de la Doue. Ils s'égrenèrent le long du ruisseau et, depuis ce jour, on les nomme « Chapelet du Diable ». La plus grosse d'entre elles se posa en équilibre sur le sol. Elle est aujourd'hui baptisé « Roc Branlant ».
Le porte-bonheur ''Mettez une pièce sous le roc branlant à l’aide d’une baguette de bois. Faites pivoter le bloc. La pièce tordue devient un porte-bonheur apprécié !''

Le terme casse-noisette semble oublié, cependant en interrogeant des anciens, ils se rappellent y être allés avec des noix à casser !

Par Jean-Louis FILET.

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