KEROSENE

Kérosène ..... Il coule.

Le 11 juillet 1964, c’est le cinquante et unième Tour de France. La foule est au rendez-vous pour cette grande fête populaire de l’été. L’étape dont le départ a été donné à Bordeaux, traverse le département de la Dordogne pour rejoindre Brive. Une étape de 215 kilomètres qui sera remportée par le Belge Edward Sels. Ce jour-là, le Tour de France va connaître sa plus grande tragédie.

Le drame.
Rien ne permettait de prime abord de déceler la traîtrise du tournant, juste avant le pont marquant l’entrée du village. Vers la fin de la matinée, une voiture de la caravane publicitaire avait déjà dérapé dans ce difficile virage en épingle à cheveux. Le service d’ordre avait fait évacuer tout un côté du pont, mais il n’était pas apparu nécessaire de prendre une mesure identique en ce qui concerne le côté opposé, où les curieux s’étaient massés, les uns assis, les autres debout.

Il est 13 h. 10 quand un camion-citerne dérape dans un virage et tombe dans le canal de Lalinde, à Port-de-Couze. Il entraîne avec lui quarante personnes. Le camion-citerne conduit par Monsieur G. G… demeurant à La Teste (Gironde) contenait quelques milliers de litres de kérosène et le freinage à mort fut cependant insuffisant en raison de la vitesse et du poids de ce transport. C’est de plein fouet, on le sait, que l’avant du véhicule percuta le parapet du pont et bascula dans le canal entraînant dans sa chute morts et blessés.



Photo Retro Velo Dordogne Canalblog

Après le court moment de stupeur qui succéda à l’accident brutal, dont le déroulement ne prit pas plus de quelques secondes, les hurlements déchirants des femmes et des enfants s’élevèrent de toutes parts. Dans le même temps, on assista au bouleversant spectacle d’une solidarité spontanée qui fit se précipiter tout habillés, dans l’eau du canal, des dizaines de spectateurs afin de porter secours aux victimes. L’un d’entre eux, Monsieur Rouchon venu tout exprès de Port-de-Couze depuis son domicile de Saint-Aigulin en Charente-Maritime, afin d’encourager Epaud, un coureur charentais raconte : J’ai plongé aussitôt. J’ai eu la chance de retirer le chauffeur du camion avant qu’il ne périsse noyé. Le malheureux, complètement hébété, ne cessait de répéter : ″ce n’est pas possible, ce n’est pas possible″.



Photo Entente sportive Bardenac Le Fouilloux Clubeo

!!!Lourd bilan.
Le bilan est lourd : neuf morts et douze blessés
Morts : Mme Claudine Rey, 21 ans, de Saint-Agne; Mlle Michèle Cavaillez, 3 ans, de Bordeaux; Mme Léa Boisserie, 40 ans, de Beaumont ; M. José Munoz, 60 
ans, de Port-de-Couze; Mlle Paulette Chavaroche, 9 ans, de Saint-Agne; M. Gabriel Jolibert, 29 ans, de Saint-Avit-Senieur, Mme Jeanne Jolibert, 29 ans, Mlle 
Roseline Jolibert 5 ans, leur fille, Mlle Christine Vidal (6 ans) Port de Couze,.
Blessés : Mme Lucette Saint-Just (34 ans) de Gardonne, Marie-Chantal Saint-Just (9 ans) sa fille, André Loiseau (34 ans) Port de Couze, Michèle Loiseau (9 
ans) sa fille, Joëllle Loiseau (12 ans) son autre fille, Mme Yvette Jouault (18 ans) de Port de Couze, Gérard Vergnolle (15 ans) de Port de Couze, Claude Rey (35 ans) de Port de Couze, Isabelle et Elisabeth Jolibert (3 et 2 ans) de Saint-Avit Sénieur (enfants des époux décédés), Gilbert Gaillard (42 ans) de Port de Couze (état très grave), Guy Guichène (38 ans) conducteur du camion-citerne de La Teste.


La course.

Une dizaine de minutes après l’accident, le peloton des coureurs arrivait sur le pont. Devant le spectacle et sans qu’aucun mot d’ordre n’ait été donné, ils s’arrêtaient, descendaient de bicyclettes et pendant une minute, ils restaient immobiles et silencieux. Mais la course continuait et ils repartirent vers le but de l’étape : Brive.

1964, c’est la cinquième victoire de Jacques Anquetil devant Raymond Poulidor. Une lutte incroyable entre les deux hommes. Les passionnés se souviennent de leur montée au coude à coude lors de l’étape arrivant au sommet du Puy-de-Dôme.

Par Jean-Louis FILET

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