QUEUE ANE

Au nord de la Dordogne, dans le Périgord Vert, se trouve un petit ruisseau qui serpente au milieu des châtaigniers que l’on dénomme la Queue d’Ane. En occitan, le cours d'eau prend le nom de Coa d'ase.

Long de 18,6 km, il prend sa source à plus de 300 mètres d'altitude sur la commune de Mialet, deux kilomètres à l'ouest du bourg, au nord de la route départementale 79, près du lieu-dit Pommerède.

Elle est grossie par deux minuscules affluents : le ruisseau de Rébière et le ruisseau de la Benché.

Elle traverse successivement, les villages de Mialet, Saint-Saud-Lacoussière, Saint-Jory-de-Chalais, Saint-Martin-de Fressengeas et Saint-Jean-de-Côle. Le ruisseau rejoint la Côle en rive droite sur cette dernière commune, un kilomètre au nord-est du bourg, au pont de Lavaud, à moins de 150 mètres d'altitude.

On trouve dans le Périgord Vert de nombreuses sources dévotieuses, souvent vieilles de plus de deux mille ans et portant le nom d’un saint auxquels elles étaient vouées.

Entre Mialet et Saint-Jean de Côle, il en existe plusieurs, dont celle de la Goutte au lieudit le Bourneix au fond des bois, pour soulager les rhumatismes. Ces fontaines ont des propriétés minérales, ferrugineuses ou sulfureuses mais autrefois, on croyait davantage à l’intervention du saint plutôt qu’aux propriétés chimiques.

Georges Rocal écrit dans son ouvrage « Les vielles coutumes dévotieuses et magiques du Périgord »

Le vieux P. qui habitait aux Farges de Saint Saud, immobilisé par les rhumatismes, décide un jour de se rendre à la fontaine de la goutte de Bourneix située près de la Queue d’Ane. Ses enfants le hissèrent sur son cheval et il partit seul à la source, avec la foi du paralytique ; comme il avait prévu, il se laissa glisser à terre et alla faire ses dévotions, qui sans doute consistaient à déposer un morceau de son vêtement, boire un peu d’eau de la source et s’en frotter le corps et réciter une prière.Exaucé, il en revient sur son cheval et vivant.

Enfant et de santé un peu délicate, ma grand-mère et ma mère m’y ont souvent conduite. Il fallait suivre une procédure stricte et bien établie : d’abord se rendre chez la « tireuse de charbon » ou la « recommandeuse ».

Je me souviens d’une pièce un peu sombre, une grande table avec un espèce de dessin ou de parchemin posé bien à plat. La tireuse de charbons, doit « mettre de part » c’est-à-dire choisir la (ou les) fontaine la plus appropriée à l’état du malade ; donc elle prend dans sa main des morceaux de charbon, les lance sur la carte afin de « tirer » les bonnes fontaines. C’était une cérémonie très impressionnante pour la gamine de 9 ou 10 ans que j’étais. Une fois la (ou les fontaines choisies), mes parents me conduisaient à plusieurs de celles-ci afin de prier le Saint ; cela consiste à mouiller le corps avec un morceau de culotte ou de gilet, ou un bonnet que l’on laissait en offrande au-dessus de la fontaine, ensuite réciter des prières et laisser une petite pièce de monnaie dans l’eau. Et ainsi de suite suivant le nombre de fontaines choisies.

On y accède difficilement, certes elles sont répertoriées, mais souvent situées sur des propriétés privées ; cela signifie qu’au XXIème siècle, on va toujours faire une prière et boire l’eau de la fontaine.



On peut noter un petit morceau de tissu à la fontaine de la goutte.



Le confluent avec la Côle qui arrive sous le pont à droite grossie par la Queue d’Ane.

La Queue d’Ane : un petit pont.
Par Geneviève COULAUD.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.genea24.fr/blog/index.php?trackback/232

Haut de page