Who is who

Nom de guerre.

« Il m'avait été recommandé à Londres, de ne jamais désigner mes futures recrues que par un pseudonyme, de façon à décevoir toute oreille indiscrète » racontait le colonel Rémy, d'ailleurs de son vrai nom Gilbert Renaud. Il dénommait lui-même tous ses maquisards.

Maurice Loupias, explique dans son livre « Messages personnels » qu'il était nécessaire de déguiser son nom, son identité pendant la guerre, d'en changer même plusieurs fois.

Lui-même, d'ailleurs s'est d'abord appelé « Liber » on imagine pourquoi puis « Lelarge », il précise « jeu de mots bien innocent puisque j'avais pris le large » et enfin « Bergeret » qui m’identifiait à Bergerac, mon secteur ... « Presque tout le monde savait que Bergeret était le chef de l'AS et il aurait suffi d'entendre ce nom pour savoir où était situé le PC » Il rechange donc et devient « Vidal » avant de retrouver Bergeret.

Mais pas que, en effet, d’autres personnes sont par contre obligées de porter des faux noms correspondant à leur nouvelle identité. Cela concerne essentiellement les personnes qui sont recherchées, en particulier pour s’être soustrait au « Service du Travail Obligatoire ». Ils entrent alors dans le maquis avec une nouvelle identité et des faux papiers.

C’est ainsi que Pierre Filet, s’échappe du train qui va partir en Allemagne et entre dans la résistance. On l'appelle alors « Charles Cipriani ». C’est encore le seul nom sous lequel il est connu dans sa famille d’accueil à trente kilomètres de sa vraie famille.

Comment choisir « un nom de guerre » ?

Dans « l'espoir et le chaos », Patrice Rolli nous dit « Une fois entré au maquis, le nouveau venu doit effacer tous les signes distinctifs de sa vie antérieure. Son nom de famille disparaît au profit de l'adoption d'un « nom de maquis » qu'il choisit ou qu'on lui attribue.

Il peut venir du physique, André Urban « Doublemètre », « Fil de Fer » « La Blonde » ...

Roger Ranoux alias « Hercule » à cause de sa corpulence et sa fille d'ajouter « également parce qu'il aimait se battre. Quant à son frère, c'était l'inverse. On l'avait donc baptisé « Mickey »


Il peut venir de particularités « Christian Michaud devient « Zazou » en fonction de ses cheveux longs et parce qu’il entonne souvent les chansons d'Andrex. Tout comme Leon Tabet celles de Tino Rossi d'où son surnom de « Tino » (Patrice Rolli)

Jusqu'ici sur terre un homme pouvait être
Blanc ou noir, ou rouge, ou jaune et puis c'est tout
Mais une autre race est en train d'apparaître
C'est les Zazous, c'est les Zazous
Un faux col qui monte jusqu'aux amygdales
Avec un veston qui descend jusqu'aux genoux
Les cheveux coupés jusqu'à l'épine dorsale
Voilà l'Zazou, voilà l'Zazou
Y a des Zazous dans mon quartier
Moi je l'suis déjà à moitié

André Malraux portait le nom de « Colonel Berger », était-ce parce qu'il avait tout un troupeau de maquisards à gérer, de la Corrèze, du Périgord, de la Dordogne et du Lot ?

Jean Givord du groupe « Gardette » se faisait appeler tout simplement « Blaise » parce qu'il venait de lire « La comtesse de Ségur »

Et les noms d'artistes, parce qu'on les aimait, on leur ressemblait ... les noms de héros que l'on aurait aimé être ou les noms de personnages historiques auxquels on s'identifiait le temps d'une guerre....

On ne peut pas donner tous ces surnoms, ils étaient tellement nombreux, tantôt animaux, tantôt prénoms féminins pour une double sécurité, tantôt numéros, tantôt...tantôt...,

Et tantôt, mais plus rarement on trouve une femme portant un surnom. C'est Paule Geneviève Marois, dite « Ginette » puis « Simone » et « Ditka », nom d'une héroïne Bulgare tiré du livre de Charles Plisnier « Faux Passeports » prix Goncourt en 1937

C'est Renée Badie alias « la blonde » ou « Tante Jeanne » qui assure les liaisons avec le sud Dordogne, on peut penser que ces surnoms viennent de son physique, de sa gentillesse...

C'est Simone Hardy « Monette » ...


Paule Geneviève Marois « Ditka » du groupe Anic avec son frère Yves Marois dit « Cyrano ».

Une jolie histoire pour finir, qui ne doit pas être la seule : Au lendemain de la guerre, lorsqu'un ancien résistant aura son premier garçon, il lui donnera le prénom d’Annick, en souvenir du groupe de résistants dans la région de Sigoulès surnommé "ANIC". Ce groupe a participé au camouflage de plus de 200 STO avec fausses cartes d'identité et cartes d'alimentation, aux sabotages et coups de mains et a contribué à chasser l'ennemi du sol Français.

Pour conclure, disons, en citant Maurice Loupias : « si cette précaution avait été utile dans la clandestinité, à partir du 6 juin elle était beaucoup moins importante. Mais c'était un jouet comme un autre. On n'avait pas tant d'amusement dans le maquis ! »

Il est bien évident que cela n'engage que lui.

Par Françoise VILLECHENOUX

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